Warren (Ohio), 30 avril 2025 – À l’occasion de ses 100 premiers jours à la tête de l’État pour son second mandat, le président Donald Trump a choisi de marquer le coup dans la ville industrielle de Warren, symbole du cœur ouvrier américain. Devant une foule acquise à sa cause, il a réaffirmé son engagement envers une politique économique résolument protectionniste, affirmant que « l’Amérique ne se laissera plus exploiter ».
Le discours, rappelant les accents de sa première campagne en 2016, a mis en avant des mesures chocs déjà mises en œuvre, notamment l’instauration de droits de douane de 10 % sur l’ensemble des importations, et jusqu’à 34 % sur les produits venus de Chine. Une stratégie assumée comme un « choc patriotique » censé favoriser le retour de la production industrielle sur le sol américain.
Un coup de froid sur les marchés
Mais cette politique volontariste n’est pas sans conséquences. Les marchés financiers ont vivement réagi. Depuis début avril, le Dow Jones a chuté de près de 1 600 points, dans un climat d’incertitude accru. Les investisseurs redoutent des représailles de la Chine, des perturbations majeures des chaînes d’approvisionnement mondiales, et un ralentissement de la croissance globale.
Des secteurs clés comme la technologie et l’automobile, très dépendants des composants étrangers, enregistrent déjà une baisse de leurs prévisions de croissance. Plusieurs multinationales américaines ont même annoncé revoir à la baisse leurs investissements à l’international, par crainte d’une instabilité prolongée.
Le Canada, exception temporaire
Dans ce contexte tendu, un signe d’apaisement est venu du nord. Washington a prolongé jusqu’au 2 avril 2025 la suspension des droits de douane sur les importations automobiles canadiennes. Ce sursis vise à préserver une coopération vitale entre les deux pays, dont les industries automobiles sont étroitement imbriquées depuis des décennies.
La décision a été saluée par les gouvernements provinciaux canadiens et les constructeurs des deux pays, bien qu’elle ne constitue qu’un répit temporaire. Le risque d’un conflit commercial plus large reste réel, et les négociations à venir s’annoncent complexes.
Un cap risqué pour l’économie mondiale
En défendant bec et ongles sa doctrine « America First », Donald Trump engage une nouvelle fois les États-Unis dans un bras de fer économique à l’échelle mondiale. Mais cette orientation soulève de nombreuses interrogations : jusqu’à quel point le protectionnisme peut-il favoriser la relance industrielle sans compromettre la compétitivité globale ? Quels seront les effets sur les prix, l’emploi, et la diplomatie américaine ?
Alors que ce second mandat débute dans un climat de crispation, l’économie américaine est à la croisée des chemins. Entre relocalisation industrielle et fragilisation des alliances économiques, les prochaines années diront si la stratégie de Donald Trump renforce vraiment la puissance américaine ou en révèle les vulnérabilités.
🖊H. Zinu
📍 Rédaction | Belgique