Sa vie cadre exactement à celle de l’Apôtre Paul de la Bible. De Saül de Tarse à l’Apôtre des Gentils… Une vie de la transformation. De persécuteur au persécuté. Honoré Ngbanda est sur la même trace. Même chemin… Celui de la repentance. Le repenti avait fait l’essentiel de son mea culpa en dénonçant le système d’occupation qui s’est installé en République démocratique du Congo. C’était son cheval de bataille. Mais ça, ce fut la deuxième partie de sa vie. La première, elle fut quand même beaucoup à charge.
Son voyage sur terre s’est arrêté dimanche le 21 mars 2020 au Maroc. Et tout a débuté à Lisala où il est né un certain 5 mai 1946 au Congo – Belge. Il fait ses études primaires chez les missionnaires catholiques, les Pères Scheut. Il poursuit ses études secondaires au Petit séminaire de Bolongo à Lisala. Elève intelligent, Honoré va poursuivre ses études universitaires à l’Université de Lovanium à Léopold-ville. Dans les années 1960, après l’Indépendance, les enseignants belges rentrent chez eux. Le jeune Honoré retournera dans sa contrée pour suppléer au manque des enseignants. Dans les années 1970, Honoré Ngbanda obtient une licence en Philosophie au Congo avant de s’envoler pour la Belgique en vue d’effectuer une thèse de doctorant à l’Université de Louvain.
De son retour au pays, Honoré Ngbanda est engagé dans les services des renseignements zaïrois. Très habile, il fait vite preuve de ses compétences. Il gravit les échelons jusqu’à occuper le Poste de Directeur en 1975. A la Présidence de la République, son travail plaît au Maréchal Mobutu. Il lui approche et fait de cet homme ambitieux un factotum notamment dans l’espionnage et contre – espionnage. En fin diplomate, Honoré est utilisé par le Président du Zaïre dans plusieurs négociations sécrètes notamment dans la Région des Grands Lacs. Une expérience enrichissante qui permettra plus tard à Ngbanda d’avoir une connaissance approfondie sur la question des Grands Lacs.
Dans les années 1990, Honoré Ngbanda est récompensé par Mobutu pour sa loyauté. Il est nommé Ministre de la Défense nationale et des Anciens Combattants, un poste clé qu’il occupera dans trois gouvernements (Tshisekedi, Mungul Diaka et Ngunza Karl-I-Bond) de 1991 à 1992. De l’ombre à la lumière, Honoré est dépassé. Car, il hérite d’une situation politique chaotique. Les pillages et autres mouvements insurrectionnels dans le pays… Honoré joue avec le feu en bombant le torse. Surnommé « Terminator », l’homme tombe dans le piège. Le 16 février 1992, une manifestation dite « Marche des Chrétiens » est réprimée par le sang à Kinshasa. Il y a plusieurs morts dont on ne saura pas avec précision le nombre exact des personnes tuées. Un doigt accusateur est pointé à l’endroit d’Honoré Ngbanda. Ce dernier, en outre, l’opinion le pointe également du doigt à cause d’une série des disparitions de nombreux militants ou opposants. Avec le phénomène « Hiboux », – des hommes habillés en noir comme dans la théorie de Men in Black, enlevaient des opposants de Mobutu à travers le pays. Les hiboux étaient des agents de services des renseignements dont le Patron n’était qu’Honoré Ngbanda.
En mai 1997, le régime de Mobutu est chassé par une rébellion au Zaïre. C’est une partie de vie d’Honoré qui se vide. C’est le début d’un long exil : Togo, Maroc, Europe, etc. En l’absence de son mentor Mobutu décédé quatre mois après avoir été chassé du pouvoir, Honoré Ngbanda, banni de Kinshasa aura la tâche difficile depuis l’extérieur du pays de justifier le règne mobutiste. C’est un lourd fardeau qu’il tentera malgré tout de porter sur ses épaules.
En 1998, un nouveau vent souffle au Zaïre, rebaptisé la République démocratique du Congo. Les rebelles de l’AFDL qui ont chassé Mobutu du pouvoir sont à couteaux tirés. Le chef rebelle Laurent Désiré Kabila ne veut plus de ses alliés Burundais, Rwandais et Ougandais, qui l’ont pourtant soutenu. Le Rwanda, vexé, tente de reconquérir son contrôle du pouvoir de Kinshasa… C’est l’interminable guerre. Honoré Ngbanda sort ses cartouches et dénonce dans une série des conférences publiques ce qui est conçu comme un plan d’invasion du Congo. Au début des années 2000, il lance un éveil de conscience patriotique dans la Diaspora congolaise, réputée jadis pour ses préférences joviales et sans intérêt notamment pour son amour excessif de la sape, des femmes et de la bière. C’est de là que naquit le phénomène « Combattant », même si les ramifications à l’idéologie de départ sont complexes. Honoré Ngbanda est l’auteur et co- auteur des ouvrages : « Crimes organisés en Afrique centrale » en 2004 et « Stratégie du chaos et du mensonge – Poker menteur en Afrique des Grands Lacs » en 2014, pour ne citer que ceux – là.
Matos/BelNews Tv